Poésiade

Poésiade

souvenir

Souvenir

Claudette Louchart

 

Un cimetière de Toussaint

Resplendit comme un beau jardin ;

De chrysanthème en cinéraire

Se décline l’art funéraire.

 

Le marbre froid s’ébroue au son

D’une subite floraison,

L’heure est à la fleur naturelle

Dans une voie intemporelle.

 

Le paysage minéral

Disparaît sous le végétal ;

Un jour est une année-lumière

Par-delà l’humaine frontière.

 

La pierre s’émeut du chagrin,

Le granit pleure grain à grain.

Mais un chœur de corolles lance

Une symphonie en silence.

 

La mort assigne un rendez-vous

A ceux qui sont encor debout,

Mais elle garde son mystère

Derrière l’ultime barrière.

 

Chanter les morts une fois l’an

Floralement, assidûment

N’empêchera pas la poussière

De retourner à la poussière.

 

Devoir ou bien tradition ?

Angoisse ou superstition ?

Mon cœur est une sépulture,

Un amour vivant y perdure.

 

Celui des deux qui reste apprend

La solitude et rien n’entend

Au bavardage de bréviaire ;

Je ne vais pas au cimetière.



29/03/2011
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