Poésiade

Silence

Claudette Louchart

Ah ! ne pas se laisser emberlificoter

Par tout le temps passé à cuire un bon dîner,

Si c ‘était à choisir, mille fois je préfère

M ‘offrir sur un plateau le régal du trouvère :

« Poète, prends ton luth ! » pour que résonne en toi

Le silence imbibé de musique de roi.
Ecoute le tinter dans la vallée ombreuse,

Où capturer la belle image aventureuse ;

Nommes-tu parenthèse une absence de bruit 

Tel un passage à vide, une saison sans fruit ?

Le silence écouté, quand il fait sa demeure

Dans le bouillonnement de la vie intérieure

Prend les sonorités d ‘un intime babil

Qui se promènerait sur le rasoir du fil ;

Tant mieux si je me risque à sonder sa puissance,

A tout attendre de sa muette éloquence,

A ramasser en vrac menus débris épars

Du beau miroir brisé depuis ton Grand Départ,

A tracer en mon for intérieur une voie

Où puisse se glisser une possible joie .

22 07 96